- Menu Possibles, nouvelle série n° 7, avril 2016
- Sommaire de ce n° 7, avril 2016
- Contemporain : Éric Brogniet, Ulysse…
- Éric Brogniet, Toi que j’aime
- Éric Brogniet, La terre d’utopie
- Présentation par Henri Meschonnic
- Découverte : Ève de Laudec
- Hier : Yves Martin [n° 18-19, 1979]
- Invitation : Renée Brock, Maternité
- Marlène Tissot, Lame de fond
- Tous les
sommaires
- Avis de parution n° 7 pour relai vers les amis
- Index des auteurs publiés
- [Pour la B.N.F] ISSN : 2431-3971
- Accès au n° 8 paru le 5 mai 2016
Éric Brogniet,
extrait d’Ulysse, errant dans l’ébloui, Le Taillis Pré, 2009
« Chaque pas nous suffit sous cette lumière / Verticale qui fait flamber les solitaires »
Éric Brogniet, Sahariennes, suivi de Célébration de la lumière, éditions Al Manar, 2015
Le seul langage que vous compreniez, c’est celui du stupre
Et des dividendes, boiteux que vous êtes, culs-terreux
Moustiques, bousiers, pachydermes satisfaits d’eux-mêmes
Et riant, riant comme des morts qui s’ignorent
Avec leurs dents cariées, squelettes grotesques
Vous êtes possédés comme un troupeau de chèvres folles
Sous vos apparences humaines, ô trompeuses, menteuses
Je ne vous déplore pas, mes salissures, un jour viendra
Où de votre ardoise vous ne pourrez plus rien effacer…
Vous avez bien raison d’être saisis de crainte à la vue
De ma folie car elle est infinie comme la mer
Sur laquelle je vais sans fin pour m’abîmer
En quelque tempête future : quand on a tout donné
On n’est pas encore raclé jusqu’à l’os
Il faut un peu de courage pour se tenir debout
Devant la catastrophe devant laquelle
Vous vous couchez…
Voici que je vomis, que mon cœur se soulève et rend du sang
Les sueurs de glace à mon front font briller leurs étoiles
Malsaines, je suis dans la douleur et les grandes colères
Je suis peut-être un meurtrier, un saint, qui sait
Et vous ne me méritez point…
Éric Brogniet, Ulysse, errant dans l’ébloui, Le Taillis Pré, 2009, [avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’éditeur].
La riche bibliographie d’Éric Brogniet est sur Wikipédia. Né en 1956, le poète a été élu, le 17 avril 2010, à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique pour succéder au poète Fernand Verhesen. Son dernier ouvrage paru est Sahariennes, suivi de Célébration de la lumière, éditions Al Manar, 2015, en vignette ci-dessus. On peut aussi rencontrer Éric Brogniet sur Le Livre des visages [vous traduirez bien en US, comme tout le monde]. Enfin, la revue Traversées a ouvert son n° 77 de septembre 2015 sur un dossier consacré à Éric Brogniet. Lectures de Véronique Daine, Paul Mathieu et Patrice Breno. Ce dernier note : « C’est cela aussi, la poésie, ne pas tomber dans la mièvrerie, reconnaître qu’il faut se retrousser les manches, qu’il faut se battre pour atteindre un monde meilleur. » S’ensuivent 17 poèmes d’amour que je tiens pour magnifiques. « À ton ventre j’ai fait pleurer la rose noire / Et chaque pétale y était une larme de feu. »