André Laude in Possibles, nouvelle série n° 6, mars 2016

André Laude, Qu’il repose et jamais
Reprise d’un poème paru dans Possibles n° 3, 2ème trimestre 1975

Qu’il repose et jamais ne s’apaise

couv. Laude

Qu’il repose et jamais ne s’apaise
ce sang qui fut couplet de guerre civile
qu’il barricade encore dans la nuit des vivants
qu’il rougeoie encore aux pènes des portes.

Il a vécu mal. Comme une épine, un clou.
Au jour le jour. À la folie la folie
Il avait tout joué dans cette partie truquée
où les bateaux sont faux et faux les quais.

Qu’il repose et jamais ne cesse de scintiller haut
comme une ortie, une injure
comme un blasphème, comme un rire d’idiot
comme un bouquet de couteaux.

Il a mal vécu, hurlant le dos aux miroirs
sous la guillotine de l’air
Il est mort dans un vieux sac plein de lames de rasoirs
Et de chats affamés.

Qu’il repose et jamais ne fume
le calumet de la paix
ce sang de perles de haches de plumes
ce tendre pirate que j’aimais.

André Laude, poème non repris dans l’Œuvre poétique, La Différence, 2008
Avant-dire de Abdellatif Laâbi, préface de Yann Orveillon

André Laude [1936-1995] « Le lire aujourd'hui, c’est ne renoncer à rien, c'est résister avec ses poèmes, c’est dénoncer les oppressions, les exploitations, c’est partager un souffle formidable d’énergie et d’enthousiasme au-delà de son désespoir. » Pierre Kobel, extrait de l’hommage qu’il lui a consacré pour le Printemps des poètes.

Invitation : Renée Brock, Maternité —>

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