Florence Trocmé in Possibles, nouvelle série n° 4, janvier 2016

Poezibao et le flotoir de Florence Trocmé
[La page invitation de Possibles, nouvelle série n° 4, janvier 2016]

© Florence TrocméFaisant suite, en 2004, à l’almanach poétique Zazieweb, Poezibao offre aujourd’hui, outre 8000 liens, plusieurs milliers d’articles en ligne, selon son auteur qui précise : « je désire ouvrir le site de plus en plus au-delà du cercle de la poésie stricto sensu. Ma nouvelle rubrique s’intitule au demeurant Musique et Littérature ». Ce site géant articule une anthologie permanente, des bio-bibliographies de poètes, des notes de lecture, des entretiens, des reportages, des rencontres, des évènements, diverses notes sur la création, les feuilletons, les articles publiés dans la revue Sur Zone, sans oublier les « agendas » et autres marque-pages. C’est insondable, par force, mais praticable, grâce au moteur de recherche. Le risque de se perdre dans de grandes pages est à courir sans effroi, car on revient toujours au titre-valise. Il faut, en revanche, du temps devant soi pour parcourir cette Pléiade électronique en plusieurs volumes, avec les notes d’usage.

Florence Trocmé était journaliste. Elle est encore critique de poésie, de littérature, de musique, diariste peut-être, et ne reste aucunement indifférente à la peinture. La photo que j’ai reprise de son site, ci-dessus, relève de cette qualité. Curieusement, elle n’apparaît pas comme auteur sur Wickipédia. Elle publie sous le titre de Le Flotoir, en ligne, des notes de carnets d’une grande richesse, au fil desquelles se distillent ses goûts pour la musique, pour la littérature, etc. Ainsi l’aphorisme, personnel ou rapporté, côtoie de subtiles analyses linguistiques, musicologiques. Son éclectisme est loué, à raison. On peut lire sur la même page, ou quasi, des notes de Christian Prigent ou Claude Minière, notes plutôt savantes, et d’autres, tirées du vécu le plus franc, de Guy Bellay. Et entre ces deux auteurs, ceci de sa plume à elle : « C’est cela la richesse prodigieuse de la littérature, ces semis en nous d’images, de sensations, ces petites masses d’énergie mobilisables lorsqu’elles sont soudain percutées par une idée, une autre image, une autre sensation qui les réveillent ».

« Le Flotoir, écrit-elle encore, est sans doute une entreprise de résistance à l’oubli. Tout s’enfonce si vite dans la nuit de la mémoire. Je fais provision de bois, peut-être, pour les longues soirées hivernales de la vieillesse ? Ou comme l’écureuil, j’amasse des provisions pour hiberner […] Nous avons d’immenses réserves de soin les uns pour les autres et pour elles, la musique et la littérature et cela on ne peut pas nous le retirer. Ouvrir le Flotoir, un geste nécessaire et salutaire plus que jamais. Y recueillir ce qui a du sens, tenter de penser, ici, avec les livres, les amis, la musique. »

Qui ne connaît, diront les lecteurs avertis ? Mais il y a toujours un nouveau venu sur terre et sur internet. C’est aussi pour cela, pour lui, que nous écrivons. Belle découverte à qui veut vivre la littérature en marche et longue vie à Florence Trocmé.

Pierre Perrin, 12 décembre 2015

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